Chirurgie paralysies oculomotrices
Pourquoi opérer ?
Le traitement d’une paralysie oculomotrice devient chirurgical lorsqu’à sa suite il persiste, à titre de séquelle, un déficit ou/et une hyperaction d’un ou de plusieurs muscles.
Ce déficit ou/et cette hyperaction sont responsables d’un déséquilibre des forces musculaires, le plus souvent du côté de l’œil atteint, parfois aussi de celui de l’œil sain, notamment lorsque l’œil atteint est fixateur. C’est ce déséquilibre résiduel qui relève d’un traitement chirurgical. Son objectif est de rééquilibrer au mieux les forces musculaires restantes dans un but avant tout fonctionnel (diplopie, torticolis), mais aussi esthétique.
Les différents types de traitement chirurgical des paralysies oculomotrices
Pour corriger ce déséquilibre, les actions chirurgicales envisageables sont des actions :
De « renforcement » :
– opération de renforcement du muscle parétique,
– opération de suppléance de transpositions musculaires.
D’affaiblissements compensatoires :
– opération d’affaiblissement de l’antagoniste homolatéral,
– opération sur le synergiste controlatéral, soit d’affaiblissement ou d’ancrage postérieur pour induire « une parésie compensatrice d’une parésie »,
– en utilisant au besoin des sutures ajustables,
– injection de toxine botulique.
Le plus souvent renforcement et affaiblissement sont associés en une opération combinée unilatérale de recul-résection.
L'oeil de l'expert
Dr Dominique Thouvenin
Spécialiste strabismes
Peut on guérir une paralysie oculomotrice ?
Non. Une paralysie oculomotrice guérit spontanément totalement ou partiellement ou persistera.
Si un traitement est possible, il concerne la cause, et il faut pour cela se tourner vers le neurologue ou le neurochirurgien.
En tant que chirurgien strabologue, on ne peut donc proposer de traitement invasif (chirurgical) de la paralysie et de la diplopie qui en résulte qu’en étant certain de la stabilité de l’état du patient.
On attend en général au moins 6 mois d’évolution et cela paraît parfois bien long pour le patient.
Quand la chirurgie est décidée, j’insiste beaucoup sur les explications préopératoires, car le patient espère toujours que l’intervention va le guérir. Ce n’est hélas pas le cas, mais on va nettement améliorer son confort visuel en tentant de restituer une vision simple dans les directions du regard de la vie courante (droit devant, ou vers le bas par exemple), ou en permettant de voir simple en redressant son port de tête s’il avait pris une attitude de torticolis pour éviter la diplopie, et limiter ainsi les conséquences sur les cervicalgies, dorsalgies… Mais il persistera toujours des directions du regard inconfortables.
Si dans certains cas, finalement très rares, on récuse la chirurgie car elle ne peut hélas rien améliorer, il y a, je pense, beaucoup de patients qui vivent avec une diplopie ou un torticolis, persuadés que rien n’est possible pour eux alors que des gestes parfois très simples, ou l’utilisation de toxine botulique, pourraient améliorer grandement leur confort de vie, même sans les guérir totalement.